Charité envers les criminels
Un homme est en danger de mort ; pour le sauver, il faut exposer sa vie ; mais on sait que cet homme est malheureux, et que, s’il en réchappe, il pourra commettre de nouveaux crimes. Doit-on, malgré cela, s’exposer pour le sauver ?
Ceci est une question fort grave et qui peut se présenter naturellement à l’esprit. Je répondrai selon mon avancement moral, puisque nous en sommes sur ce point de savoir si l’on doit exposer sa vie même pour un malfaiteur. Le dévouement est aveugle ; on secourt un ennemi, on doit secourir l’ennemi de la société, un malfaiteur en un mot. Croyez-vous que ce soit seulement à la mort que l’on court arracher ce malheureux ?
C’est peut-être à sa vie passée tout entière. Car, songez-y, dans ces rapides instants qui lui ravissent les dernières minutes de la vie, l’homme perdu revient sur sa vie passée, ou plutôt elle se dresse devant lui. La mort, peut-être, arrive trop tôt pour lui ; la réincarnation pourra être terrible ; élancez-vous donc, hommes ! vous que la science spirite a éclairés ; élancez-vous, arrachez-le à sa damnation, et alors, peut-être, cet homme, qui serait mort en vous blasphémant, se jettera dans vos bras. Toutefois, il ne faut pas vous demander s’il le fera ou s’il ne le fera point, mais allez à son secours, car , en le sauvant, vous obéissez à cette voix du cœur qui vous dit : « Tu peux le sauver, sauve-le !
(Communication dictée par L’Esprit Lammenais, Paris, 1862)
Extrait de l’Evangile selon le Spiritisme, chapitre XI « Aimer son prochain comme soi-même